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La première fois que j'ai posé les yeux sur Nerval et plus particlièrement sur ses Chimères, je n'ai pas entendu son chant... je n'ai pas réussi à pénétrer son univers poétique ; j'ai eu peur. Aujourd'hui cela résonne fort en moi... et l'Absolu s'impose magistralement....
EL DESDICHADO
Je suis le ténébreux, -- le veuf, -- l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte -- et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la mélancolie.
Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s'allie.
Suis Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la syrène...
Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Aquéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.
Myrtho
Je pense à toi, Myrtho,divine enchanteresse,
Au Pausilippe altier, de mille feux brillants,
A ton front inondé des clartés d'Orient,
Aux raisins noirs mêlés avec l'or de ta tresse.
C'est dans ta coupe aussi que j'avais bu l'ivresse
Et dans l'éclair furtif de ton oeil souriant,
Quand aux pieds d'Iacchus on me voyait priant
Car la muse m'a fait l'un des fils de la Grèce
Je sais pourquoi là-bas le volcan s'est rouvert..
C'est qu'hier tu l'avais touché d'un pied agile,
Et de cendres soudain l'horizon s'est couvert.
Depuis qu'un duc normand brisa tes dieux d'argile,
Toujours, sous les rameaux du laurier de Virgile,
La pâle Hortensia s'unit au Myrthe vert !
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1 mars 2009
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18:12
II, 12
"Il existe des femmes capables d'électriser la rumeur publique ; ce sont des buses, il est vrai, et même des chouettes, dans leur fausse solitude de minuit ; Nedjma n'est que le pépin du verger, l'avant-goût du déboire, un parfum de citron...
Un parfum de citron et de premier jasmin afflue avec le délire de la convalescente mer, encore blanche, hivernale ; mais toute la ville s'accroche à la vivacité des feuillages, comme emportée par la brise, aux approche du printemps."
Kateb Yacine, in Nedjma
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1 mars 2009
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17:53
Partie III, A, 9. Dans le délire de Rachid :
" - Comprends-tu ? Des hommes comme ton père et le mien... Des hommes dont le sang déborde et menace de nous emporter dans leur existence révolue, ainsi que des esquifs désemparés, tout juste capables de flotter sur les lieux de la noyade, sans pouvoir couler avec leurs occupants : ce sont des âmes d'ancêtres qui nous occupent, substituant leur drame éternisé à notre juvénile attente, à notre patience d'orphelins ligotés à leur ombre de plus en plus pâle, cette ombre impossible à boire ou à déraciner, -- l'ombre des père, des juges, des guides que nous suivons à la trace, en dépit de notre chemin, sans jamais savoir où ils sont, et s'ils ne vont pas brusquement déplacer la lumière, nous prendre par les flancs, ressusciter sans sortir de la terre ni revêtir leurs silhouettes oubliées, ressusciter rien qu'en soufflant sur les cendres chaudes, les vents de sable qui nous imposeront la marche et la soif, jusqu'à l'hécatombe où git leur vieil échec chargé de gloire, celui qu'il faudra prendre à notre compte, alors que nous étions faits pour l'inconscience, la légèreté, la vie tout court... ce sont nos pères, certes ; des oueds mis à sec au profit de moindres ruisseaux, jusqu'à la confluence, la mer où nulle source ne reconnaît son murmure : l'horreur, la mêlée, le vide -- l'océan -- et qui d'entre nous n' a vu se brouiller son origine comme un cours d'eau ensablé, n'a fermé l'oreille au galop souterrain des ancêtre, n'a couru et folâtré sur le tombeau de son père..."
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